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Saturés, les hôpitaux suisses vont manquer de soignants pour les skieurs blessés

Dimanche 13 Décembre 2020

Les hôpitaux suisses lancent un cri d’alerte. Submergés par l’épidémie de coronavirus, ils ne pourront vraisemblablement pas assumer la prise en charge des skieurs blessés cet hiver.


A l’aube de cette saison de ski controversée, la question de la saturation des hôpitaux reste étrangement négligée. Nos services hospitaliers pourront-ils en effet assurer la prise en charge des inévitables accidents de sports d’hiver alors qu’ils sont déjà débordés? C’est en tous cas la crainte exprimée par les hôpitaux alpins. Le Centre Hospitalier du Valais romand a ainsi mis la population en garde: «Il est hautement probable que notre bloc opératoire ne puisse fonctionner à l’image des dernières années pour assurer la prise en charge des cas habituels auxquels s’ajoutent ceux qui surviennent durant une saison de ski.»

Un risque d’autant plus grand que l’ensemble des soins intensifs suisses fonctionne déjà actuellement à 80% du taux d’occupation renforcé, soit 120% du taux d’occupation normal. Selon l’hôpital de Sion, il est très probable que cette situation perdure « au moins jusqu’à la fin de cette année 2020 ». Or, la fin de l’année représente traditionnellement la période d’activité la plus intense pour les urgences hospitalières alpines, durant laquelle on observe un afflux simultané de cas vitaux (accidents cardio-vasculaires et neuro-vasculaires) et d’urgences traumatologiques liées aux accidents de sports d’hiver. Ces derniers, en nette augmentation depuis plusieurs années en Suisse, atteignaient en 2020 les 32’595 cas selon la SUVA.

Plus assez d’anesthésistes disponibles pour les accidents de sports d’hiver
La plupart des blessures de sports d’hiver nécessitent en effet l’intervention du bloc opératoire, et donc des anesthésistes. Oui mais voilà: tous ces spécialistes sont actuellement mobilisés auprès des patients COVID, ces derniers exigeant une prise en charge particulière que seuls les médecins anesthésistes et urgentistes peuvent assurer.
Pour faire face à la deuxième vague de coronavirus, les capacités des soins intensifs ont déjà été considérablement augmentées, et fonctionnent grâce à l’appui du personnel des services d’anesthésie des cliniques privées. Mais ces renforts ne seront sûrement pas mobilisables durant la période de Noël. « Durant les fêtes de fin d’année, nous ne sommes pas assurés d’avoir le soutien des anesthésistes des cliniques privées car ils nous déjà fait savoir qu’ils ne seraient sûrement pas disponibles  à ce moment », indique le service de communication de l’Hôpital de Valais.

Transferts impossibles
Et cette situation ne concerne pas que les hôpitaux alpins. Impossible de compter indéfiniment sur la solidarité intercantonale: l’ensemble des soins intensifs suisses étant actuellement saturé, la possibilité de pouvoir transférer les skieurs gravement blessés dans d’autres hôpitaux reste extrêmement limitée. Les férus de sport d’hiver devraient dès lors réfléchir à deux fois avant de tester les limites des services hospitaliers engorgés et des équipes soignantes éreintées.

 

Aux urgences, le problème du triage


Les accidents de ski posent un problème logistique dès l’arrivée des patients aux urgences, où un triage systématique est opéré depuis le début de la pandémie entre les patients atteints du coronavirus et les autres. Actuellement assuré par l’armée et les civilistes, ce tri nécessite un travail logistique conséquent, encore accentué par les accidents de ski demandant eux aussi la mise en place d’une file distincte. De plus, ces blessures relevant souvent d’urgences non vitales impliquent un long temps d’attente à l’hôpital, laissant craindre que les urgences deviennent elles aussi un lieu de propagation du coronavirus.


Anna Bonvin


L’Ecole de Iournalisme et de Communication de Genève

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