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«Les céréales appauvrissent le microbiote»

Vendredi 3 Mai 2024

L’influence du microbiote sur l’organisme est cruciale pour garder une bonne santé. Le faire comprendre c’est tout le travail de Sophie Balestra, nutritionniste et micro nutritionniste à Genève. Rencontre.


Sophie Balestra, nutritionniste et micro nutritionniste à Genève. Crédit photo: N-S.B
Sophie Balestra, nutritionniste et micro nutritionniste à Genève. Crédit photo: N-S.B
Qu’est-ce que le microbiote?

Le microbiote, notre «petit jardin interne» comme j’aime l’appeler, est un ensemble de micro-organismes vivants au sein de notre système digestif. Il est très important de conscientiser que l’on abrite de la vie et qu’il est essentiel de l’entretenir en ayant une alimentation vivante, riche en probiotiques naturels et aliments brutes, tels qu’on
pourrait les trouver dans la nature.

Lorsque les gens viennent vous voir, quels sont, le plus souvent, leurs demandes et leurs
difficultés?


Les personnes qui me consultent sont généralement victimes de graves troubles
digestifs et pour certains le font après avoir subi de lourdes chirurgies. Ils viennent en
consultation, car ils ne savent tout simplement plus que manger pour améliorer leur état de
santé. D’autres personnes font appel à mes services, parce qu'ils font le lien avec le microbiote
et les conséquences néfastes sur la santé de son éventuel déséquilibre, tant au niveau
physiologique que psychologique. En effet, la santé du ventre a un impact notable sur celle de la
tête mais également sur différentes pathologies comme les cancers, les maladies auto-immunes
ou la fertilité.

Qu’est-ce qui peut engendrer le déséquilibre du microbiote?
Les produits industriels sont responsables du déséquilibre de la flore intestinale et diverses pathologies digestives, car pauvres en vitamines et minéraux et surtout constitués d’additifs.

Avez-vous un exemple à nous donner?

Prenons l’exemple du lait industriel : étant pasteurisé, tous les probiotiques naturels qui le composent initialement sont détruits, mais également toutes les enzymes qui permettent de les digérer. Ainsi, on se retrouve alors avec
des « aliments morts » qui ne vont pas entretenir notre microbiote. Je conseille alors de
consommer régulièrement voir quotidiennement des aliments fermentés. Il s’agirait, par
exemple, de remplacer le lait pasteurisé par du lait lactofermenté (de vache, brebis ou chèvre)
et de consommer du pain fermenté. Ce dernier prédigère le gluten, ce qui le rend plus tout
inflammatoire.

Où peut-on trouver ce type de produits ?

Ces produits naturels se vendent difficilement en grandes surfaces, mais dans de petits commerces locaux et bio, spécialisés dans ce type de fabrication. Toutefois, au coeur du Migros de Balexert et Plainpalais, il est possible de se procurer du bon pain au levain tel que je le décris et d’autres produits bio non transformés de la
marque « Nature& ». Enfin, il est malheureux de constater qu’aujourd’hui, même lorsque l’on va
acheter du vinaigre dans les grandes surfaces, il est pasteurisé. Ce type de transformation
alimentaire de l’ère industrielle va tout simplement à l’encontre de nos besoins physiologiques.

Vous évoquiez le gluten, de plus en plus banni dans notre alimentation moderne, est-il
néfaste pour notre santé?


Ça dépend, mais il est vrai que les blés modernes sont sélectionnés pour leur richesse en gluten. Ce dernier reste une protéine très inflammatoire et irritante. Il faut savoir que les civilisations anciennes faisaient fermenter les céréales afin de les rendre digestes, chose que l’on ne fait malheureusement plus depuis l’industrialisation. Et je
suis persuadée que c’est ce qui rend les gens malades.

Qu’est-ce qui vous pousse à avoir un tel avis?

Dans les céréales, on va avoir du gluten, mais aussi de l’amidon qui est un sucre complexe et très difficile à digérer par nos systèmes digestifs, d’autant plus s’ils sont préalablement fragilisés, voire appauvris au niveau du
microbiote. On trouve également au niveau de l’enveloppe des grains des antinutriments et
des inhibiteurs enzymatiques. Tout ceci peut être rendu plus digeste par l’action du levain.

En quoi consiste le métier de nutritionniste et micro nutritionniste ? En quoi diffère-t-il de
celui de diététicien(ne) ?


La formation de nutritionniste est principalement dispensée dans des écoles privées. Elle se
spécialise dans l’étude des micro nutriments tes que les vitamines, les minéraux ou encore les
acides gras. Cela diffère de l’approche des diététiciens qui pratiquent essentiellement en
milieu hospitalier et se concentrent sur l’étude des macronutriments (les protéines, lipides,
glucides, protides, etc) et des calories. Aussi, leur formation se déroule en HES (Hautes Ecoles
Spécialisées) et permet d’obtenir un Bachelor, voire un master pour pratiquer.

Dans quel contexte peut-on consulter une nutritionniste?

Tout simplement dès qu’on en ressent le besoin. Il faut être conscient qu’il est essentiel d’apporter le bon carburant à notre organisme afin que son fonctionnement soit optimal. Il est judicieux de consulter un
spécialiste dès qu’on constate des dysfonctionnements tels que des troubles digestifs ou du
sommeil, des problèmes de peau, des douleurs articulaires chroniques, des reflux récurrents,
voire de signes de dépression. Les raisons peuvent être très larges et variées. Selon moi, il est
question de prendre soin de son alimentation quotidienne à partir du moment où l’on a envie
d’optimiser sa santé ou d’agir en prévention pour bien vieillir.

Nadia-Sarah Bennader


L’Ecole de Iournalisme et de Communication de Genève

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