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« Les politiques doivent comprendre que les soins à distance sont possibles»

Samedi 20 Juin 2020

Se soigner à distance, c’est au goût du jour. La télémédecine offre les avantages de la rapidité et de l’accessibilité. Mal prise en charge par le système de tarification actuel, cette pratique n’offre-t-elle pas un marché juteux pour les assurances ? Et qu’en est-il de la qualité et du prix ? Le spécialiste en médecine interne et expert de la télémédecine, Jean-Gabriel Jeannot, apporte son éclairage.


La télémédecine est-elle moins chère que de se rendre chez le médecin ?
De nombreuses analyses montrent que les téléconsultations sont moins chères. Déjà simplement parce qu’elles durent moins longtemps. Mais l'impact financier des téléconsultations sur le système de santé devrait encore être étudié, puisque leur accès facile pourrait augmenter la fréquence des consultations.

N’y a-t-il pas un risque de perdre en qualité de prise en charge, en faisant l’impasse d’une vraie auscultation du médecin ?
Les études établissent que les situations pour lesquelles la présence du patient est indispensable sont plus rares que ce que l'on imagine. La présence du patient n’est nécessaire que lorsqu’il y a une nécessité de l’examiner, de lui prodiguer un geste technique ou lorsque l’équipement du patient est insuffisant. À cela, peuvent aussi s’ajouter les difficultés de communication. Mais les études dévoilent le plus souvent qu'il est possible de soigner à distance en toute sécurité et avec efficacité, si les règles de base sont respectées.

Cela pourrait-il devenir un marché intéressant pour les assureurs ?
Les assureurs ne se disent pas opposés à la télémédecine. Ils seraient d'ailleurs malvenus de le faire puisque ce sont eux qui sont associés aux plus grands systèmes de téléconsultation / téléconseils (Medgate, Medi24 et santé24). Mais sur le plan politique, je ne pense pas qu'ils soient très actifs pour que les téléconsultations soient prises en charge par la LAMal. Par dessus tout, c’est à nos politiques de comprendre que les soins à distance sont possibles.

Que manque-t-il pour que les téléconsultations soient prises en charge par la LAMal ?
Il faudrait simplement reconnaître qu'il est possible de soigner à distance autrement que par téléphone car le problème principal est le non-remboursement des consultations à distance qui ne se font pas au téléphone. Il n'est pas logique que nous utilisions, par exemple, le courrier électronique pour la vie de tous les jours et qu'il ne puisse pas être utilisé en médecine, entre professionnels de la santé et patients. Pourtant, comme pour les consultations en face-à-face, la LAMal précise que pour être remboursée une consultation doit répondre aux critères EAE (que les prestations soient efficaces, adéquates et économiques [art. 32 LAMal, ndlr]).

Que faire pour améliorer le remboursement de la télémédecine ?
Il faudrait une réforme du système de tarification suisse. Un futur système de facturation est d’ailleurs prévu : « Tradoc ». Celui-ci prévoit une position pour les consultations par voies électroniques. Mais, pour des raisons politiques, nous ne savons pas quand ce système entrera en vigueur.

Joachim Tapia-Almosnino


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