12, un nombre significatif puisque c’est autant d’accusations qui ont été portées contre Roman Polanski depuis 1977. 12 nominations qui peuvent donc être particulièrement mal perçues de la part des manifestantes. « C’est de la provocation de le mettre en avant en dépit du fait qu’il a été reconnu coupable de viol » s’afflige Coline de Senarclens, militante féministe genevoise et membre du comité Les Créatives. De son côté, Stéphane Mitchell, coprésidente de l’association SWAN (Swiss Women’s Audiovisual Network), s’interroge : « s’il avait commis un meurtre, réagirions-nous de la même manière ? Pourquoi lorsqu’il s’agit de violences sexuelles, la société a-t-elle autant de mal à accepter que ça existe ? On a l’impression que le débat dérange, on n’a pas envie d’associer ça à des gens qu’on respecte, qu’on admire ». Une remarque qui renvoie à l’affaire Bertrand Cantat, l’ex chanteur de Noir Désir, qui a, de son côté, été vivement critiqué et a eu du mal à revenir sur scène après avoir été condamné à 8 ans de réclusion pour le meurtre de sa compagne, Marie Trintignant.
Séparer l’homme de l’artiste ?
Faut-il séparer l’homme, la personne civile, de l’artiste ? Une question qui divise dans le milieu. Tandis que la membre du comité les Créatives s’oppose fermement à cette idée, pour Stéphane Mitchell, « le tout est de pouvoir continuer à parler de l’homme et de donner la parole aux victimes afin de briser l’omerta et de mettre en place des dispositifs de prévention ».
Quoiqu’il en soit, « est-il un génie tel qu’on ne peut pas mettre d’autres gens en avant ? Je ne pense pas, il y a une multitude d’autres réalisateurs et surtout réalisatrices qui méritent certainement cette reconnaissance » s’interroge Coline de Senarclens.
Quel rôle pour le public ?
Avec près d’un million 400 000 entrées au box-office, le public n’est pas pour rien dans l’ampleur de cette affaire. Cependant, les féministes tempèrent. « On s'en fout que les gens aiment, regardent ou admirent Polanski individuellement, on ne va pas leur reprocher d'aimer tel ou tel truc, on écoute tous du Michael Jackson et on n’a pas envie de rendre des comptes. Le problème c'est de le mettre en avant publiquement, parce que ça c'est un parti pris et que ce parti pris crache à la gueule des survivantes de Polanski et de toutes les autres survivantes de viol » nuance Coline de Senarclens. La coprésidente de l’association SWAN précise « Je ne conseille pas la censure mais il est primordial de poser un regard critique quand on regarde une œuvre polémique ».
Martine Gagnebin, une féministe vaudoise présidente de plusieurs associations, estime que c’est à Roman Polanski lui-même de prendre ses responsabilités. « Pourquoi ne renonce-t-il pas ? Quand on a tellement de casseroles, on renonce ! il peut encore continuer à faire des films mais il devrait faire une croix sur les récompenses » avant d’ajouter : « s’il se retirait je dirais chapeau monsieur Polanski ». En attendant, Martine Gagnebin affirme qu’elle se trouverait très attristée s’il remportait un ou plusieurs Césars, « il y a trop de femmes qui ont été marquées pour toujours » conclu-t-elle.
Maribel Rodriguez, directrice du Bureau de l’égalité entre femmes et hommes, n’a quant à elle, pas trouvé opportun de s’exprimer à ce sujet, alors que le conseil d’administration des Césars a annoncé sa démission jeudi dernier. Une démission collective liée, entre autres, à l’affaire Polanski et qui conduira, peut-être, à un changement de prises de positions.
Séparer l’homme de l’artiste ?
Faut-il séparer l’homme, la personne civile, de l’artiste ? Une question qui divise dans le milieu. Tandis que la membre du comité les Créatives s’oppose fermement à cette idée, pour Stéphane Mitchell, « le tout est de pouvoir continuer à parler de l’homme et de donner la parole aux victimes afin de briser l’omerta et de mettre en place des dispositifs de prévention ».
Quoiqu’il en soit, « est-il un génie tel qu’on ne peut pas mettre d’autres gens en avant ? Je ne pense pas, il y a une multitude d’autres réalisateurs et surtout réalisatrices qui méritent certainement cette reconnaissance » s’interroge Coline de Senarclens.
Quel rôle pour le public ?
Avec près d’un million 400 000 entrées au box-office, le public n’est pas pour rien dans l’ampleur de cette affaire. Cependant, les féministes tempèrent. « On s'en fout que les gens aiment, regardent ou admirent Polanski individuellement, on ne va pas leur reprocher d'aimer tel ou tel truc, on écoute tous du Michael Jackson et on n’a pas envie de rendre des comptes. Le problème c'est de le mettre en avant publiquement, parce que ça c'est un parti pris et que ce parti pris crache à la gueule des survivantes de Polanski et de toutes les autres survivantes de viol » nuance Coline de Senarclens. La coprésidente de l’association SWAN précise « Je ne conseille pas la censure mais il est primordial de poser un regard critique quand on regarde une œuvre polémique ».
Martine Gagnebin, une féministe vaudoise présidente de plusieurs associations, estime que c’est à Roman Polanski lui-même de prendre ses responsabilités. « Pourquoi ne renonce-t-il pas ? Quand on a tellement de casseroles, on renonce ! il peut encore continuer à faire des films mais il devrait faire une croix sur les récompenses » avant d’ajouter : « s’il se retirait je dirais chapeau monsieur Polanski ». En attendant, Martine Gagnebin affirme qu’elle se trouverait très attristée s’il remportait un ou plusieurs Césars, « il y a trop de femmes qui ont été marquées pour toujours » conclu-t-elle.
Maribel Rodriguez, directrice du Bureau de l’égalité entre femmes et hommes, n’a quant à elle, pas trouvé opportun de s’exprimer à ce sujet, alors que le conseil d’administration des Césars a annoncé sa démission jeudi dernier. Une démission collective liée, entre autres, à l’affaire Polanski et qui conduira, peut-être, à un changement de prises de positions.
Une affaire qui dure depuis 43 ans
Le cinéaste est poursuivi depuis 1977 aux Etats-Unis pour le viol de Samantha Gailey, une adolescente de 13 ans. Des poursuites qui l’ont poussé à fuir le pays. Ces dernières années se sont ajoutés les témoignages de onze autres femmes, âgées de 9 à 29 ans à l’époque des faits, l’accusant de viol ou d’agression sexuelle. La Française Valentine Monnier est la dernière en date, elle a choisi de témoigner en réaction à la sortie du film « J'accuse ». Roman Polanski a avoué avoir eu une relation sexuelle avec Samantha Gailey mais affirme que celle-ci était consentie, il a donc seulement reconnu sa culpabilité pour détournement de mineur. En 1988, Samantha Gailey porte plainte au civil contre Roman Polanski. Une accusation à laquelle le réalisateur a mis fin en 1993 par un accord avec la plaignante prévoyant qu'il lui verse 500 000 dollars, révèlent les médias américains en 2009. Un accord à l’amiable qui n’arrête pas la justice américaine. En 2010, après avoir purgé deux mois de prison et avoir payé une caution de 3 millions d'euros, le réalisateur est assigné à résidence dans son chalet de Gstaad, dans le canton de Berne. Il vit depuis entre la France et la Suisse. Les autres victimes ne peuvent, quant à elle, plus porter plainte, en vertu de la loi en vigueur à l'époque des faits, le délai de prescription étant fixé à quinze ans.