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Les communes valaisannes ne sont pas toutes adaptées aux personnes malvoyantes

Dimanche 20 Janvier 2019

- Denis Maret est un homme qui veut faire changer les choses dans un Valais ou tout évolue lentement.
- Lui-même atteint par un problème de vue et vice-président de la fondation Suisse des aveugles et malvoyants du Valais, il explique ses difficultés à se déplacer à travers le canton.
- La cause : l'État du Valais laisse chaque commune gérer le réaménagement urbain de ses bâtiments ou lieux publics. Si Sion est exemplaire, Sierre quant à elle n’est pas réellement adaptée.


«Les lignes de guidage maident très peu», constate Denis Maret, vice-président de la fondation Suisse des aveugles et malvoyants du Valais, lui-même atteint d’un problème de vue. Résultat : pour se repérer facilement, ses journées sont faites d’habitudes et d’itinéraires connus. Ce Monthésan sait donc comment se rendre à la boulangerie sans problème. Mais il a plus de difficultés lorsqu’il doit se déplacer dans un lieu qu’il ne connait absolument pas. Il va alors devoir se débrouiller différemment. Soit en se dirigeant à l’aide d’un GPS, soit en demandant à son ergothérapeute de l’accompagner jusqu’à destination.
«Le plus souvent je me déplace avec laide des techniques de canne que jai apprises lors dune formation de 6 mois avec une ergothérapeute. Mais je pense que ces lignes blanches peuvent être utiles. Cela dépendra surtout de leur emplacement », ajoute-t-il.
Il prend l’exemple des gares, où celles-ci ont leur utilité. Ces marquages de signalisation sur le sol entre les rails et les quais des gares servent donc de guidage pour les personnes malvoyantes. «Elles ont été mises en place par les CFF suite à lapplication dune directive fédérale, non obligatoire, sappliquant aux infrastructures de transport et espaces publics accessibles aux piétons», explique Guido Bielmann porte-parole de l’Office fédéral des routes. Selon leur budget, les communes doivent, elles aussi, réaménager leurs espaces publics. Si certaines villes revoient leur urbanisme, d’autres sont plus laxistes.
Sion est un bon exemple
La capitale du Valais fait partie des communes les plus exemplaires. Ainsi, à chaque aménagement urbain, la commune sollicite procap-Valais avant construction. «Ce projet, qui date dil y a longtemps, rend les employés communaux plus attentifs aux besoins des personnes à mobilité réduite. On essaye alors de privilégier des lieux publics importants tels que les gares ou autour des banques, pour la construction des lignes de signalisation», explique Raphaël Marclay, conseiller municipal des travaux publics et de l’environnement de la ville de Sion. Pour Denis Maret, l’avenue de la gare de Sion est aménagée de façon très intéressante, avec tout au long, des lignes de repères. En les suivant, les personnes malvoyantes peuvent alors marcher droit. «Sans ces dernières, je risquerais de me cogner contre les platanes ou les parcs à vélos tout au long de mon parcours», ajoute-t-il. En cause, une rue très large ayant d’un côté des magasins et de l’autre une rangée d’arbres.
Sierre, mauvais élève
Si la ville de Sion est un modèle, Sierre, quant à elle, est beaucoup plus laxiste. Autour de la gare, il n’y a pas de lignes tactiles. Rien, si ce n’est un fil rouge non-relief qui mène jusqu’au funiculaire, servant de guide à certains touristes qui veulent se rendre à Crans Montana. «Cela fait plus de 7 ans que la Fédération suisse des aveugles et malvoyants du Valais se bat avec cette commune pour avoir des lignes de guidage. Mais cette dernière ne veut pas collaborer», s’insurge Denis Maret, président de cette association. D’après lui, ce refus serait dû à un dysfonctionnement politique au sein même de la commune. Mais Jean-Daniel Loye, collaborateur technique au secteur Direction et administration de Sierre, assure que des marquages tactiles au niveau de l’hôtel de ville ont été mis en place en 2017. «Dautres projets sont en cours», rassure-t-il.
Monthey exagère
Au contraire, la ville de Monthey en ferait trop. Selon Denis Maret qui habite au sein de cette commune, «les lignes blanches devraient être placées dans des lieux stratégiques et permettre aux gens de se déplacer dun point à un autre.» Au lieu de cela, cette petite ville bas-valaisanne en a mis tout au long de l’avenue de la gare. Ce qui est inutile. Pourtant la police communale qui s’occupe de leur mise en place assure «que la construction de ces dernières a été effectuée suite à une demande de la Fondation Romande en faveur des personnes SourdAveugles FRSA,» explique Violaine Martinella-Grau, capitaine de la police communale de la ville de Monthey. «Certainement quils voulaient bien faire et que, concernant leur point de vue, cet emplacement est très utile pour des personnes comme moi. Même si à vrai dire elles me sont inutiles » ajoute Denis Maret.
Martigny, un autre bon exemple
La commune de Martigny, comme celle de Sion, fait partie des villes exemplaires. «Cette dernière a une bonne collaboration avec la fondation suisse des aveugles et malvoyants du Valais. En comparaison avec la ville de Sierre, ils prennent ainsi en compte nos recommandations», raconte Denis Maret.
Les villages comptent sur lentraide
Alors que la plupart des villes valaisannes ont posé des lignes de guidage au sol, faute de moyens, les villages ont quant à eux, n’ont rien mis en place. «Étant donné que cette loi fédérale nest pas obligatoire, on a dautres priorités. De plus on a jamais eu de demande», justifie par exemple Stéphane Bétrisey, secrétaire général de la commune de St-léonard. «Dans les villages, le problème nest pas réellement existant car tout le monde se connait. Alors les gens sont prêts à écouter et à sentraider», suppose Denis Maret.
 
 

Les améliorations à prévoir

Malgré les efforts qu’entreprennent certaines villes du Valais, Denis Maret, vice-président de la fondation Suisse des aveugles et malvoyants du Valais, lui-même atteint d’un problème de vue, estime que les autorités communales doivent plus prendre en compte les personnes malvoyantes ou atteintes d’autres handicaps. «Je ne sais pas si cela est dû à un manque de connaissance ou un manque de volonté, mais ils devraient plus nous considérer. De plus, les communes valaisannes ne devraient pas seulement miser sur les lignes de guidage, mais aussi revoir leur aménagement urbain dans leur ensemble pour que certains quartiers soient plus accessibles aux personnes à mobilité réduite», explique-t-il. Même si ce nouvel aménagement est primordial pour lui, il considère que les personnes malvoyantes doivent apprendre à utiliser une canne de façon libre, dans le but de se déplacer partout car «les lignes de guidage ne sont pas forcément lapanage.», conclut-il.
 

320'000 handicapés de la vue en Suisse

Selon un article du journal 24heures, paru le 14.01.2013, lui-même basé sur une étude de l'Union centrale suisse pour le bien des aveugles (UCBA), qui tient compte de toutes les statistiques disponibles en Suisse et qui s'appuie sur près de 20 recherches suisses et étrangères, plus de 320 000 personnes seraient en Suisse touchées par un handicap de la vue. Parmi elles, les personnes âgées sont les plus concernées. Cette part s'élève à au moins 20% d’entre elles. En cause, l’acuité visuelle qui diminue drastiquement avec l'âge au point qu'une personne sur deux de plus de 90 ans ne peut ni lire ni reconnaître les visages malgré tous les moyens auxiliaires existants. A l’inverse, moins de 0,5% des enfants sont malvoyants. De plus l'UCBA souligne une fréquence inattendue des handicaps visuels chez les personnes handicapées mentales.

Un cadre législatif très ancien

Le cadre législatif valaisan se réfère à la constitution qui date du 8 mars 1907. L’article 17 de la constitution valaisanne stipule que l’Etat favorise le développement du réseau des routes et des autres moyens de communication, alors que dans les faits, ce dernier délègue la tâche à chaque la commune concernant la mise en place de ces marquages de signalisation pour les personnes malvoyantes «Laménagement du territoire communal est géré par les communes. Etant donné que ces lignes tactiles se trouvent sur le territoire communal, ces dernières doivent sen charger», explique Vincent Pellicier, chef du service mobilité du canton du Valais.
 

Olivia Zufferey


L’Ecole de Iournalisme et de Communication de Genève

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