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Les clubs romands en danger face au Covid-19

Mercredi 29 Avril 2020

Quel avenir pour le football romand à l’heure où le monde du sport tourne au ralenti en raison de la pandémie de coronavirus ? De la buvette aux droits TV, en passant par la billetterie et les partenariats de sponsoring, l’équation n’est plus du tout la même sans matchs et certains clubs pourraient bien être plus durement touchés que d’autres.


« C’est un tremblement de terre et plus il dure, plus les effets et les dégâts seront conséquents. » Massimo Lorenzi, chef du département des sports de la RTS ne mâche pas ses mots devant la gravité de la situation, à commencer par les nombreux enjeux financiers, le véritable cœur du problème. « Les contrats de sponsoring, la billetterie, les droits TV… les clubs sont amputés de toutes leurs recettes et le pire est encore à venir, notamment pour les clubs dont les masses salariales sont les plus élevées. Sans parler de ceux plus modestes risquant tout simplement de faire faillite… Il va falloir trouver des solutions, faire des concessions, être patient car personne ne sait quand est-ce que l’on pourra rejouer au football… ».
« Servette et Lausanne vont mieux s’en sortir »
« Cette crise ressemble au passage d’une immense vague ». Une immense vague qui, bien que dévastatrice, devrait toutefois être mieux absorbée par les clubs lémaniques, selon l’ancien patron du Lausanne Sport, Alain Joseph. Respectivement financés par la Fondation Wilsdorf, propriétaire de Rolex et par Ineos, « Servette et Lausanne devraient, mieux s’en sortir financièrement mais il ne faudrait pas que cette crise se prolonge sans quoi les manques à gagner deviendraient difficilement supportables ». En ce qui concerne le FC Sion, la gestion du club repose quasi-exclusivement entre les mains de Christian Constantin, dont les mesures déjà entreprises, à la mi-mars, ont été pour le moins drastiques : pas moins de neuf joueurs licenciés avec effet immédiat, par WhatsApp qui plus est, à la suite d’un ultimatum salarial auquel les joueurs n’ont vraisemblablement pas adhéré…
Quid de Neuchâtel Xamax ?
A Neuchâtel, c’est un autre Christian qui dirige mais la gestion est totalement différente. Désormais aux côtés de Jean-François Collet, devenu nouveau propriétaire fin 2019, Christian Binggeli, sauveur du club suite à la tragique faillite Chagaev en 2011-2012, incarne ce Xamax soudé et combatif qui compense ses finances et moyens plus modestes par un état d’esprit sans faille, aussi bien sur le terrain qu’en dehors. Alors que la tempête fait rage, le président du club « rouge et noir » ne s’en cache pas : « on va devoir faire des sacrifices, il va falloir se serrer les coudes encore davantage, c’est notre philosophie à Neuchâtel Xamax, on ne vit pas au-dessus de nos moyens. Les joueurs et le staff ont bien évidemment été mis au chômage technique. Ils ne toucheront que 80% de leurs revenus habituels et nous avons fixé un salaire plafond de l’ordre de 12'500 francs ». De plus nous avons officiellement effectué les démarches afin de pouvoir bénéficier du prêt de 500'000 francs accordé par la Confédération aux sociétés sportives. »
Une fin de saison sans spectateurs ?
« Les clubs doivent se tenir prêts cet été pour terminer la saison dès que cela sera possible ». Selon Claudius Schäfer, directeur de la SFL (Suisse Football Ligue), le huis-clos serait en tout cas la moins mauvaise solution pour disputer le dernier tiers du championnat et sauver la saison : « nous analysons tous les scénarios envisageables et le huis-clos nous paraît être un bon compromis sanitaire et économique ». Une possibilité pas au goût de Jean-François Collet, propriétaire de Neuchâtel Xamax : « Jouer à huis-clos n’aurait aucun sens, car je considère qu’un match de football est un spectacle et un spectacle nécessite des spectateurs ». Sans parler des manques à gagner qui se situeraient « entre 800'000 et 1 million de francs » selon le patron de Xamax. Quasi assuré de la promotion avant l’arrêt des matchs, le son de cloche est évidement différent du côté de la Pontaise. La montée en Super League étant cruciale pour son développement, le Lausanne-Sport, « plaide » pour le huis-clos, comme le confirme à demi-mots Pablo Iglesias, directeur sportif du club vaudois, au micro de la RTS : « L’éthique est une valeur primordiale du football. Un titre ça se gagne ou sa se perd sur le terrain et nulle part ailleurs. Jouer à huit-clos permettrait au moins de conserver cette éthique sportive »
« On doit revenir sur terre ! »
D’un point de vue financier, le football et ses acteurs, épargnés jusqu’ici, vont en ce sens devoir revoir leurs ambitions à la baisse et c’est tant mieux selon Massimo Lorenzi : « Cette crise va stopper l’inflation, on doit revenir sur terre ! Il faut que cela nous serve et pas seulement sur les 6 prochains mois… Selon Philippe Auclair, spécialiste du football anglais, dans l’émission forum du lundi 13 avril dernier, « certains joueurs ont montré l’exemple en baissant leurs salaires. C’est le cas de Lionel Messi qui a réduit son salaire de 70%. C’est la voie à suivre et notamment en Angleterre et en France ou la question de la baisse des salaires divise.

Les cinq grands championnats très impactés

Un arrêt définitif de la saison dans les cinq grands championnats européens de football, suspendus face à la pandémie de coronavirus, engendrerait une perte totale de 3,4 à 3,95 milliards d'euros, selon une étude du cabinet KPMG. La Premier League anglaise serait la plus impactée si les 92 matches restant à disputer ne pouvaient se jouer, avec un manque à gagner de 1,15 à 1,25 milliard d'euros. Parmi les autres grands championnats, les Espagnols de la Liga pourraient perdre de 800 à 950 millions d'euros, les Allemands de la Bundesliga de 650 à 750 millions, les Italiens de la Serie A de 550 à 650 millions et les Français de la Ligue 1 entre 300 et 400 millions. (Source RTS).

Julien Trébert


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