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Ghislain Gilberti, la noirceur de l'encre

Samedi 9 Septembre 2017

Littérature: Inconnu il y a encore quelques années, Ghislain Gilberti s'est rapidement fait un nom grâce à son style noir, trash, violent et ultra réaliste du fait de ses expériences passées. Portrait d'un écrivain au parcours pas comme les autres.



Avec son nouveau roman Dernière sortie pour Wonderland (Éditions Ring) sorti le 31 août dernier, le romancier confirme un peu plus son statut de maître du roman noir. Souriant, la voix calme et posée, derrière sa gentillesse et sa sympathie, on ne soupçonnerait pas le parcours de vie atypique pour un auteur de Ghislain Gilberti. De nationalité française, né à Belfort il y a 40 ans, l'auteur a eu une enfance compliquée avec un père tyrannique et un faible niveau d'études.
Plus tard, il trouve une échappatoire grâce à la drogue et sombre dans l'enfer de la polytoxicomanie lourde. Son expérience dans l'armée notamment en tant que tireur d'élite lui permettra de se sortir de l'engrenage de la dépendance. Prenez ces éléments, secouez le tout, mélangez et vous obtenez un style littéraire noir, trash et ultra-réaliste. Une recette qui a fait son succès grâce aux trois polars qui ont marqué le début de sa carrière puis dans Dynamique du Chaos, son œuvre autobiographique.
« A vrai dire, c’est un pur hasard si c’est un thriller, Le festin du serpent, qui a été le premier à trouver une réponse positive auprès d’un éditeur. Mon style de prédilection se trouve davantage dans Dynamique du chaos et Dernière Sortie pour Wonderland », confie l'auteur. « Mes influences me poussent dans cette autre direction : William Burroughs, Henry Miller, Huber Selby Jr, Charles Bukowski, Antonin Artaud… Je me sens plus proche du véritable abîme, celui pour lequel la fascination est dangereuse ».
Enfer de la drogue
Un abîme que Ghislain Gilberti a souvent côtoyé dans sa jeunesse lors de son passage par l'enfer des drogues dures. Une culture de l'underground dans laquelle il est profondément enraciné. « Ce goût pour le revers, les marges, les ombres et la noirceur vient du fait que j’ai souvent fréquenté les bas-fonds, l’underground, voire l’underworld », confie-t-il. « Dans ce monde inversé, les personnes déploient souvent leur part ténébreuse. On trouve une autre mélodie poétique dans ces souterrains de l’humanité, un écho différent qui, en effet, me fascine ». Toutes ces expériences, toute la noirceur, les ténèbres de ce monde-là sont des éléments que l'on retrouve dans ses romans. « Tout ce biotope forme une vraie source d’inspiration pour générer des personnages pleins, riches et qui ne tombent jamais dans la caricature », détaille l'auteur. « Aussi, même pour mes trois thrillers dont les publications « papier » ont précédé Dynamique du Chaos, j’ai utilisé mon expérience au fond du gouffre ».
 Une fois n'est pas coutume, c'est une personnalité avec de grosses parts d'ombres que Ghislain Gilberti met en avant dans son nouveau roman Dernière sortie pour Wonderland (Éditions Ring) sorti le 31 août dernier. Il s'attaque ni plus ni moins à une figure de la littérature en la personne de Lewis Carroll (voir encadré). Une œuvre qui ne fait que confirmer son statut de maître du roman noir.
 

Détruire les mythes autour de Lewis Carroll

Pour son nouvel ouvrage Dernière sortie pour Wonderland (Éditions Ring) l'auteur s'attaque à une icône intouchable de la littérature anglaise depuis le XIXe siècle, Lewis Carroll l'auteur du conte pour enfant Alice au pays des Merveilles. Introverti maladif, pédophile, amateur de photographies pornographiques infantiles, atteint du syndrome de Peter Pan et toxicomane, à travers un roman-vérité mêlant fiction, réalité historique et trip narcotique, Ghislain Gilberti livre une version du conte contemporaine ultra-trash et qui dénonce les principaux vices de l'écrivain anglais. Un attrait pour l'auteur anglais et son univers qui remonte à l'enfance lors de sa première lecture du célèbre conte pour enfants. « J’ai rencontré Carroll et Alice à l’âge de dix ans. Ce dytique, Les Aventures d’Alice au Pays des Merveilles et De l’autre côté du Miroir et ce qu’Alice y trouva, était présenté comme un conte pour enfants. Mais sa lecture m’a laissé un profond malaise », précise-t-il. L'ouvrage  met un point final à l'hypocrisie qui entoure l'auteur et détruit le mythe monté de toute pièce afin de montrer le côté maléfique de Carroll, loin des visions adoucies de Disney, et des films de Tim Burton. « La vision distordue que Carroll a mise en place et qui s’est étirée avec le temps pour devenir une véritable bonbonnière fait oublier le texte original, anxiogène au possible dans lequel une véritable Alice a joué le rôle d’une muse active, et derrière lequel se trouve un créateur riche en secrets », affirme Ghislain Gilberti. Une œuvre qui vient ponctuer 3 ans de recherches et de travail. Son roman le plus abouti à ce jour. « C’est un sujet qui me tenait à cœur », explique-t-il. « C’est sans aucun doute mon travail le plus audacieux, le plus risqué, mais il fallait qu’il sorte un jour ». 

Miguel Hernandez


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