Coronavirus: les personnes atteintes sont-elles immunisées ?

C’est la question sur toutes les lèvres actuellement. « Et personne ne sait encore y répondre vraiment aujourd’hui » reconnaît le docteur Eric Gerstel, médecin interniste et épidémiologue genevois, consultant en épidémiologie pour les HUG, en évoquant la possibilité d’une immunité acquise au Covid-19 après guérison de la maladie. Si le médecin reconnaît le manque de connaissances à ce stade, il estime que les personnes guéries « devraient probablement être immunisées à vie ». Pourtant, comme pour la grippe, le risque de développement de variantes, causées par de légères mutations au cours du temps, a de nombreuses fois été évoquées par les médias. « Tous les virus mutent légèrement et de nouvelles résurgences du Covid-19 ne sont donc pas à exclure totalement. Cela va dépendre du comportement du virus et de sa possibilité de trouver un réservoir, humain ou animal » ajoute l’épidémiologue.

« Une mutation plus agressive est possible mais très improbable »

Qu’en est-il alors de cette possibilité de mutation et celle-ci pourrait-elle être plus agressive encore ? Une éventualité évoquée le 3 mars dernier dans une étude chinoise publiée dans le National Science Review, très vite remise en question par ses propres auteurs. « Un virus mute selon son propre intérêt commente Docteur Eric Gerstel. Cela se fait par apprentissage, pas par hasard et cela dans le but d’améliorer sa transmission. Il devrait donc mécaniquement devenir moins agressif car plus un virus tue, moins il n’a la capacité de se répandre ».
Immunité collective
Si le virus semble subir peu de variations, il n’en reste pas moins contagieux et semble se propager à vitesse grand V. Des tests d’immunité ont d’ailleurs été lancés récemment dans le Canton de Vaud afin de déterminer la proportion des personnes infectées par le coronavirus. « Ces tests sont importants pour savoir si nous avons atteint une immunité suffisante dans la population ou si le risque de résurgence des cas est élevé », confie l’épidémiologue. Une immunité collective devrait être atteinte dès lors que 50 à 70 % de la population aura été contaminée par le Covid-19.

Comme un tsunami
Mais si cette solution semble séduisante, la contagion trop rapide du virus pourrait gravement mettre à mal le système sanitaire suisse. C’est tout l’enjeu des mesures de confinement partiel mises en place par la Confédération. « On a réagi assez vite, on n’était pas si mal en Suisse, même si on peut toujours faire mieux », lance le docteur Gerstel, pour qui la pandémie actuelle est comparable à un tsunami ; « Une vague de deux mètres de haut ça n’est pas très impressionnant. Mais si elle arrive d’un coup et très vite, c’est dangereux. Moins on restera plantés à regarder la vague arriver, plus on augmentera les chances de s’en sortir », conclut-il.

Dans la lutte contre l’épidémie, la détermination de l’origine du virus revêt une importance cruciale, afin d’éviter les résurgences. « L’arrêt de la transmission ne pourra en effet être obtenue que par une immunité suffisante acquise dans la population mais aussi par la neutralisation des réservoirs du virus », explique Eric Gerstel. Dans le cas de la grippe, par exemple, de nombreuses études relayées par l’OFSP ont pointé les oiseaux et certains mammifères comme réservoirs de la maladie. Ce qui explique entre autre pourquoi l’infection revient fréquemment. À l’heure actuelle, la source du Covid-19 reste méconnue. "Selon de nombreux scientifiques, la chauve-souris et le pangolin sont soupçonnés, tel que le révèle l’Université d’Agriculture de Chine du Sud".