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Comment les médias influencent le taux de suicide chez les jeunes

Dimanche 22 Mars 2020

Depuis 1980, le taux de suicide a été divisé par 3 en Suisse, passant de 27 à 9 cas pour 100 000 chez les 15-29 ans. Cependant, le suicide reste la première cause de mortalité chez les jeunes et les médias y ont leur part de responsabilité. Afin de limiter cette influence, une prévention accrue a été mise en place par l’association Stop Suicide.


Avec près de 125 cas par an en Suisse, le suicide est la première cause de mortalité chez les 15-29 ans. Sans compter le nombre de tentatives qui s’élèvent à plus de 10 000 ou encore les pensées suicidaires, difficilement comptabilisables. Les jeunes représentent donc la population la plus à risque mais également celle qui est la plus exposée aux influences médiatiques, d’autant plus depuis l’apparition des réseaux sociaux.
L’association Stop Suicide s’est ainsi donné pour mission de sensibiliser les personnes amenées à publier du contenu sur le suicide. « Les questions que nous posons portent sur l’intérêt public. Est-ce vraiment utile, en tant que média, de donner au public telle ou telle information ? » questionne Léonore Dupanloup, chargée de communication et de prévention auprès des médias pour Stop Suicide. « Les médias ont tendance à vouloir livrer le moindre détail croustillant, sans réfléchir aux conséquences négatives que ça pourrait avoir sur certaines personnes ».
Deux effets possibles
On constate deux effets majeurs liés à la médiatisation du suicide. D’une part l’effet Werther, inspiré du livre de Goethe dans lequel le suicide est très romantisé. D’autre part, l’effet Papageno, inspiré du personnage de « La Flûte enchantée » de Mozart, opéra où des garçons viennent en aide à Papageno alors que celui-ci voulait se suicider. Tandis que l’un incite au suicide, l’autre le prévient. L’association tente ainsi de renverser le cercle vicieux du sensationnalisme associé à l’effet Werther en mettant en avant l’effet Papageno.
D’après Stop Suicide, « le taux de suicide augmente de 2,5 % suite à la médiatisation intense du suicide d’une célébrité ». Le plus gros risque réside dans la manière de retranscrire la méthode utilisée : ainsi, « pour Robin Williams en 2014, on a observé une augmentation de 32,2% d’utilisation de la méthode dont il s’était lui-même servi. Et à l’inverse, lors du suicide de Kurt Cobain, les associations ont conseillé aux médias de noter les numéros d’aide dans le journal favorisant une nette augmentation du nombre d’appels mais pas du nombre de suicides » souligne l’association.
« Lorsqu’on ouvre le journal aujourd’hui on remarque une vraie amélioration du traitement médiatique avec systématiquement un encadré avec les numéros d’aide » se félicite Léonore Dupanloup, « des résultats qui nous poussent à continuer ainsi ».

Une association pour briser les tabous

Cette association est née en 2000 suite au suicide d’un collégien. Ses amis, choqués, se mobilisent après en avoir discuté avec des adultes qui leur conseillent de ne pas en parler. Pensant, au contraire, qu’il faut briser le tabou, ils organisent une marche silencieuse et se donnent pour objectif de prévenir le suicide des jeunes. Aujourd’hui, 20 ans après, l’organisation s’est agrandie avec une équipe de 7 personnes à temps plein. Une campagne de prévention est organisée chaque année. Le but est aussi d’apprendre aux adultes à savoir réagir face à un jeune aux pensées suicidaires.


Anaïs De Clerck


L’Ecole de Iournalisme et de Communication de Genève

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