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​« Savoir désobéir en vertu de ma conscience »

Samedi 18 Février 2017

Actuel conseiller communal et secrétaire du parti solidaritéS, Pierre Conscience se dévoue entièrement à la lutte pour les causes sociales. Un engagement fort, au cœur de sa personnalité. Rencontre avec le jeune politicien de la gauche radicale lausannoise.


Une allure simple et une démarche assurée. Une manière de parler structurée et limpide, sans paroles inutiles. L’aisance verbale du jeune politicien lausannois témoigne de son habitude à s’exprimer publiquement. Malgré ses 28 ans, il a déjà fait parler de lui par son engagement profond pour les causes sociales. Sa candidature à la Municipalité de Lausanne en 2016 aux côtés d’Hadrien Buclin l’a fait entrer davantage sur la scène politique, et l’hébergement à son domicile d’un migrant en situation de renvoi a fait parler de lui dans les médias. En effet, sa mobilisation pour l’égalité et la justice sociale fait partie intégrante de son identité. Un engagement qui a germé en lui dès son plus jeune âge.

« Mon père, un intellectuel avec un regard sur la société »

Cinquième d’une fratrie de six enfants, il est né à Morges, de deux parents enseignants. Sa mère est professeur à la HEP et son père enseigne le français et réalise des documentaires pour les écoles genevoises. Sans être militants, ses parents ont un réel engagement politique. Son père est d’ailleurs proche de la Ligue Marxiste Révolutionnaire dans les années 70. Il décède lorsque que le jeune homme a 21 ans. Ce dernier reste très sobre lorsqu’il mentionne cet épisode et ne s’y attarde pas : « Mon père était un intellectuel avec un regard sur la société. Il m’a transmis beaucoup de choses et a toujours été un exemple pour moi ». Durant son enfance, le futur militant politique baigne dans des valeurs de solidarité et de partage, un fondement dans la construction de sa vision du monde. L’adolescence est pour lui une période de maturation pendant laquelle ses lectures de Marx et de Rousseau mettent des mots sur ses aspirations et l’ancrent dans ses opinions. Durant cette période, deux évènements clés à l’origine de son engagement politique ont lieu. « Les attentats de 2001 qui ont généré un discours islamophobe, puis la montée en puissance du Front National en France dans les élections de 2002 », explique-t- il. A 18 ans, le futur politicien décide de s’engager pour de bon. Les principes défendus par solidaritéS correspondant à ses opinions, il entre dans le parti. Par après, il s’investit également dans différents mouvements comme le Collectif R, le Mouvement de lutte contre le racisme et un mouvement écologique vaudois. « Le but est de faire l’unité avec les différents collectifs. C’est d’ailleurs là le sens d’un parti : faire le lien avec les mouvements sociaux et créer des convergences », somme le jeune homme.

« Je suis toujours disposé à être le porte-voix d’un message »

Secrétaire du parti depuis maintenant deux ans, il joue un rôle central dans les tâches organisationnelles. « C’est une personne sur qui on peut compter.  Il a de grandes qualités, autant politiques que personnelles », confie Hadrien Buclin, Conseiller communal et membre de solidaritéS. En parallèle, il commence son Master à l’université. « Les deux sont parfois difficile à corréler. Mais c’est le cas pour toutes les personnes qui ne sont pas nées avec une cuillère dorée dans la bouche, et qui doivent travailler en plus de leurs études », expose le jeune homme. Lorsqu’on lui demande comment il a vécu les élections municipales de 2016, il précise tout de suite sa position. « Je ne suis pas carriériste. Je suis toujours disposé à être le porte-voix d’un message, mais je n’ai pas de désir de progression personnelle, continue-t- il. Le but est que les idées avancent dans la société, que ce soit par le Conseil communal ou la mobilisation ». En effet, tous les moyens pacifiques sont bons pour le jeune homme. Selon lui, la société ne se transforme pas tant dans les Parlements qu’à travers la mobilisation citoyenne.
En octobre dernier, le politicien soutient David Payot dans son appel à la désobéissance civile pour l’hébergement de migrants en situation illégale. Il héberge publiquement pendant cinq mois un migrant menacé d’un renvoi Dublin. Quand on l’interroge sur cet acte de désobéissance alors qu’il est élu au Conseil communal, sa réponse est claire et arrêtée. « En tant que militant politique, il est pour moi normal de savoir faire preuve de désobéissance en vertu de ma conscience. Quand la loi contrevient droits humains les plus fondamentales, c’est tout à fait légitime, même dans ma posture politique », revendique-t- il.

« Garder la conviction que les choses peuvent changer »

En apprendre plus sur sa vie privée est difficile. « Je ne veux pas faire de ma vie privée un outil politique. Je suis là pour défendre des idées, et non pour me mettre en avant », insiste-t- il. Une affirmation qui illustre bien la personnalité du jeune homme. Bien qu’animé par un fervent désir de se battre pour ce en quoi il croit, il souhaite rester humble et en retrait. Mettant tout ce qu’il possède au service des principes qu’il défend.

Ses projets pour 2017 ? Une année pleine de combats ! Le jeune homme compte se battre contre la RIE III et l’injustice fiscale, s’engager auprès des réfugiés, et se mobiliser pour la représentation politique d’Ensemble à gauche. Lorsqu’on lui demande finalement quelle est la clé de son engagement, il répond simplement : « Garder la conviction que les choses peuvent changer. Je sais que je ne verrai pas de mon vivant la société à laquelle j’aspire, car l’avancement des causes prend du temps. Mais je veux mourir en sachant que j’y ai contribué ».

Sophie Cusin


L’Ecole de Iournalisme et de Communication de Genève

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