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Sylvia Poll, de la natation aux Nations Unies

Mardi 5 Janvier 2016

Sylvia Poll est principalement connue pour sa carrière de nageuse. Ce que l’on connait moins de cette médaillée olympique de 45 ans, c’est sa joie de vivre et son côté multiculturel. Rencontre avec cette Genevoise d’adoption.


Sylvia Poll, de la natation aux Nations Unies
Avec sa carrure de nageuse, Sylvia Poll impressionne au premier abord. Il est vrai qu’elle dépasse tout le monde d’au moins une tête. Mais on oublie vite cette impression dès qu’elle se met à sourire. Elle a ce genre de sourire qui illumine toute une pièce. Dans son bureau joliment décoré, elle accueille d’une poignée de main sûre et invite à s’assoir autour d’une table. Elle semble rodée à l’exercice des médias, souvenir de ses années de succès dans le monde de la natation. En effet, avant de devenir chef de projet dans le secteur du développement à l’Union internationale des télécommunications (UIT), elle a remporté huit médailles aux jeux panaméricains de 1987 ainsi que la médaille d’argent au 200 mètres nage libre aux Jeux Olympiques de 1988.
Pourtant, rien ne prédestinait la jeune fille qu’elle était à devenir une nageuse reconnue et médaillée.  Elle l’admet elle-même, Sylvia Poll a une histoire particulière. Née au Nicaragua, elle fuit la Révolution qui menace le pays en 1979. Elle grandit ensuite au Costa Rica. Ses parents, eux, sont Allemands, ce qui explique son mètre 92 et sa chevelure blonde. Ils sont partis d’Europe pour travailler dans une usine de coton. « C’est un mélange intéressant, non ? », plaisante-t-elle. Son éducation est influencée par ce mélange original: des origines germaniques et une vie costaricaine. Elle étudie dans une école anglaise et parle espagnol et allemand. « Nous nous sommes adaptés au mode de vie sud-américain, à la nourriture et à la langue. J’adorais ça ! » Quand elle revient sur son enfance, ses yeux s’illuminent. « Notre environnement était très sain, nous jouions beaucoup dehors. » La mort de son père viendra toutefois assombrir cette période d’insouciance.
Une grande détermination…
Elle l’avoue, elle est tombée dans la piscine « par accident ». Cependant, ce sont sa détermination et sa rigueur qui lui ont permis d’y évoluer. « Mes parents ont grandi durant la Seconde Guerre mondiale, raconte-t-elle. Ils n’ont jamais fait de sport mais nous y ont encouragées. » Elle fait ses débuts à 9 ans et ne s’arrêtera pas avant ses 34 ans. « Ce n’était pas vraiment pour la compétition en premier lieu mais pour me faire des amis. » Malgré des difficultés dues à sa taille, elle progresse rapidement. Elle s’entraine dur, tout en continuant une scolarité normale. « Je nageais deux fois par jour, se rappelle-t-elle. J’allais à la piscine entre 4 heures et 6 heures du matin, puis après les cours à 18h30. Je faisais dix à douze kilomètres par jour, même pendant les vacances scolaires. » Cette force d’esprit ne l’a jamais quittée. C’est aussi comme ça qu’elle avance dans sa carrière professionnelle.
Contrairement à certains sportifs, Sylvia Poll n’a pas souhaité se tourner vers le coaching. « Je ne voulais pas continuer à nager toute ma vie. Je m’intéresse à plein de choses. Quand j’ai décidé d’arrêter la compétition, j’ai complètement arrêté. Même si je nage parfois encore pour le plaisir. » Elle finit ainsi ses études et est embauchée à la communication de l’Association américaine du basketball (NBA) au pays qui l’a vu grandir. Puis, en 2010, elle devient ambassadrice du Costa Rica aux Nations Unies à Genève. Elle a pour mission de promouvoir la paix et le sport. C’est comme cela qu’elle commence à travailler avec l’UIT. Elle décroche un deuxième master à l’Institut des hautes études internationales et du développement et commence à travailler en septembre 2014. « Je suis reconnaissante d’être ici. Il faut voir la vue que j’ai sur le Palais des Nations ! De plus, j’ai la chance d’aider des gens du monde entier avec les technologies de l’information et de la communication et d’améliorer leur vie. J’ai également d’intéressantes opportunités de voyage. Je travaille avec une équipe multiculturelle, c’est fascinant ! »
… Et de l’humilité
Son avenir n’a jamais été tout tracé. Elle ne sait pas non plus où il la mènera dans le futur. « Il faut prendre les opportunités que la vie nous offre et travailler dur. Mon pays, ma famille et mes amis me manquent mais j’adore vivre à Genève. C’est une ville agréable, j’ai même appris à skier depuis que je suis ici ! » Ses plus beaux souvenirs sportifs, elle les a partagés avec ses compatriotes. « La médaille olympique en nage libre était la première pour le Costa Rica. C’était un sentiment merveilleux. Tout le pays était heureux et fier. Je suis devenue célèbre du jour au lendemain, cela peut rendre fou. Heureusement, ma famille m’a aidée à rester humble. » D’ailleurs, quand on lui demande de poser avec ses médailles pour la photo, elle répond naturellement qu’elle ne les possède pas.  « C’est ma mère qui les garde précieusement chez elle, elle est ma plus grande fan. »
 

Lisa Callens


L’Ecole de Iournalisme et de Communication de Genève

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