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Sommet international: des Genevois patients, dubitatifs et impressionnés

Samedi 19 Juin 2021

Ce mercredi 16 juin était une date mémorable pour Genève qui accueillait la rencontre historique entre les présidents américain et russe, Joe Biden et Vladimir Poutine. Un grand moment pour le monde, et beaucoup de tracas pour les résilients Genevois.


Jeudi 16 juin à Genève et le soleil brille comme à la mi-juillet. Une journée parfaite pour se délasser au bord du lac, et pourtant, les Genevois la passeront plus à attendre leurs bus supprimés que les pieds en éventail au bord de l’eau. Et pour cause: en cette date mémorable, la ville du bout du lac a été choisie pour accueillir la rencontre historique du président américain Joe Biden et de son homologue russe Vladimir Poutine.
Pour l’occasion, Genève est passée en état d’alerte maximale, et si les médias se gargarisent de l’honneur fait à la Suisse et conjoncturent sans relâche sur les retombées planétaires de cette rencontre, les Genevois tentent eux de poursuivre leurs activités dans une ville assiégée. Car le gouvernement suisse a déployé les grands moyens pour assurer la sécurité de ses prestigieux invités. Depuis la veille, les services de police et de sécurité s’agitent et se positionnent sur les multiples trajets que pourraient hypothétiquement emprunter l’un ou l’autre de ces présidents.
 
« On attend et on verra bien »

11h04: place des Nations. Dépêchés de toute la Suisse, des policiers patientent au milieu des rues désertes du quartier de Nations, grignotant un sandwich ou bavardant à voix basse, dans une ambiance détendue. « Biden pourrait passer par là, ou alors ce sera Poutine », présume un policier bernois en désignant d’un geste vague l’hôtel Intercontinental où loge le président américain. « C’est plutôt calme pour l’instant, et plusieurs itinéraires sont prévus alors nous ne savons rien, mais on attend et on verra ».   Et la plupart des effectifs mobilisés… semblent avoir reçu ce même ordre: soyez prêts à tout, mais sans savoir à quoi. 
 
Même consigne du côté des employés des Transports Publics Genevois. Deux chauffeurs désœuvrés patientent à côté de leur véhicule arrêté et profitent du beau temps: « Les seules informations reçues sont: entre hier et aujourd’hui, soyez prêts à tout. Suppressions, retards…  ».
Mais ce soleil radieux aide décidément à relativiser, et c’est le sourire aux lèvres que ces chauffeurs profitent de cette pause impromptue. « C’est normal tous ces embêtements, tempère un d’eux. Il faut bien cela pour accueillir les grands de ce monde. Mais allez expliquer ça à ces râleurs de Genevois! »
 

Et pourtant, la population semble prendre son mal en patience face à cette immobilisation forcée.
Malgré quelques protestations, la plupart endure les désagréments occasionnés, à la fois dubitatifs et impressionnés. Tout le long du chemin qui mène des Nations au Pont du Mont-Blanc, où les délégations présidentielles sont censées passer, les rues de la ville offrent un tableau singulier, vidées des véhicules habituels, traversées d’escouades policières et même… de chars d’infanterie. Les citadins, attendant vainement un tram qui ne viendra pas, sortent leurs téléphones pour capturer ce moment. Beaucoup se tournent, désorientés, vers les forces de police qui passeront en définitive plus de temps à aiguiller la population qu’à contrer les éventuelles menaces. 
 
Les voitures passent, on retient son souffle… et on s’en va
Les médias annoncent l’arrivée du président russe sur le tarmac helvétique. Autour du pont du Mont-Blanc, journalistes du monde entier et badauds se massent dans l’attente du passage des véhicules présidentiels. « Quel foin pour deux gaillards », peste un Genevois qui brandit pourtant son téléphone au premier bruit de moteur. Fausse alerte: il ne s’agit que d’une délégation suisse. Pourtant, la tension monte insensiblement à mesure que les minutes passent. Le début de la rencontre est en effet prévu pour 13h, les illustres personnages ne devraient plus tarder.
 
Pétarades sur la chaussée vide. Soudain, surgissent motos, fourgons blindés, véhicules de police et en contrebas, bateaux des forces de l’ordre. Au milieu de ce bataillon, deux véhicules noirs, effilés. Les curieux massés contre les barrières retiennent leur souffle, dégainent leur téléphone: Poutine passe. Quid du passage du président américain à 13:15, avec cependant plusieurs vivas lancés de la part de supporters ? Aussitôt les véhicules hors de vue, la foule se disperse sans commentaire, satisfaite seulement d’avoir capturé ce moment insolite.

 
Genève dans la rue, malgré elle
Car ces brefs instants sont en effet tout ce que les Genevois verront de cette rencontre historique. Pour le reste, ils ne profiteront que des trams supprimés et des rares bus bondés. Jérémy, lui aussi chauffeur de bus TPG, atteste: « Je devais prendre mon service à 13:04 à Bel-Air mais mon véhicule est coincé à Grand-Pré. Je monte le chercher mais impossible de le trouver, j’attends sous un arbre depuis 20 minutes, tranquille! »
Dès la sortie du bureau, c’est donc toute la population genevoise jetée sur les routes qui chemine sous le soleil devenu implacable. Là encore, peu de plaintes: un adolescent aide une vieille femme à se rendre à la gare, une femme porte le sac de sa voisine. Décidément, les Genevois se seront montrés à l’image de la Suisse qui a si bien su s’effacer lors de ce sommet tant médiatisé dont ils auront pourtant bien peu profité. 


 

Anna Bonvin, Ethan Fasnacht & Fanny Graf


L’Ecole de Iournalisme et de Communication de Genève

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