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«Nous devons fermer la Suisse à ceux qui prennent notre travail»

Jeudi 6 Février 2014

Partisan du MCG, Guillaume* collectionne les diplômes mais se trouve aujourd’hui sans travail. Bien que d’origine étrangère, ce Suisse naturalisé défend l’initiative UDC coûte que coûte tout en accusant Mauro Poggia de trahison.


Par Joëlle Misson, le 5 février 2014

« Genève est devenu un département français. » Arrivé en Suisse en provenance du continent africain, Guillaume repart plusieurs années dans son pays d'origine avant de finalement se réinstaller définitivement à Genève. A son retour, il s’avoue « choqué et ulcéré de constater ce qui se passe ». Qu’a-t-il bien pu arriver ? « Les Français ont réussi à s’infiltrer dans l’administration publique, en tant que directeurs des ressources humaines dans beaucoup de compagnies. Maintenant, ils se recrutent entre eux. »

Aujourd’hui au chômage, Guillaume est révolté: « Je suis exclu de tout. » Pourtant, ce ne sont pas les diplômes qui manquent à ce juriste quarantenaire, naturalisé Suisse il y a une bonne vingtaine d’années : il a étudié le droit et l’économie, et a travaillé auprès de grandes instances internationales.

A défaut d’une activité rémunérée, il apporte bénévolement son aide à ceux qui peinent à trouver du travail. « Je connais des Suisses de souche qui ne parviennent pas à trouver du travail. Qu’ils soient diplômés ou non, jeunes ou non, cela ne change rien. » Fort de ce constat, il a estimé que le Mouvement Citoyen Genevois était le parti le plus proche de ses idées et le soutient depuis 5 ans : « Beaucoup de gens nous insultent dans la rue mais nous ne disons qu’une chose : priorité de l’emploi aux gens qui vivent à Genève. »

Le discours de Guillaume se fond en effet dans le paysage de la rhétorique «MCGienne»: « Nous devons fermer le pays aux mendiants ainsi qu’aux étrangers qui prennent le travail des Suisses et encouragent le dumping salarial. » Pour ce Suisse d’origine étrangère, l’initiative de l’UDC qu’il soutient n’est-elle pas discriminatoire ? Il ne semble pas perturbé: même si l’initiative devait donner la priorité aux natifs d et reléguer les Suisses d’origine étrangère en deuxième ligne, il l’accepterait. « Ce serait déjà plus logique que d’embaucher des frontaliers, sans passeport à croix blanche. »

Après l’accession à la tête du Département de l’emploi (DEAS) de Mauro Poggia au Conseil d’Etat genevois en décembre dernier, Guillaume espérait que celui-ci pourrait « faire quelque chose ». Mais ces deux hommes semblent aujourd’hui loin de partager la même vision: « Je suis contre l’Europe, contre l’espace Schengen, contre la libre-circulation. On a foutu l’Europe par la porte, et maintenant on laisse les gens entrer par la fenêtre. » Alors comment voit-il la prise de position du vice-président du MCG, défavorable à l’initiative de l’UDC? « C’est une trahison. M. Poggia joue tout seul et a utilisé notre parti. »
* Prénom d’emprunt

Un MCG divisé

Du côté des figures de proue du MCG, Eric Stauffer soutient mordicus que Mauro Poggia «est collégial avec le gouvernement exécutif. S’il est pour ou contre l’initiative n’est qu’un détail. » Un coup de téléphone ne lui en fera pas dire plus que durant son intervention au débat d’Infrarouge le 22 janvier. Mais il y a un point noir à l’horizon: dans le Matin Dimanche du 26 janvier, Mauro Poggia lui-même mentionnait ne pas se réfugier dans la collégialité : « J’avais déjà dit avant mon élection que cette initiative répondait de manière inadéquate à un problème réel. » Le président du MCG Roger Golay quant à lui répond avec une simplicité déconcertante: « C’est simple: Mauro Poggia est contre l’initiative et notre parti est pour. » Mais il ne se sent pas « trompé » par le point de vue du conseiller d’Etat : «On le savait. Il a toujours été opposé aux contingents.» Cependant, il affirme ne pas être pleinement ravi: «Nous aurions souhaité qu’il fasse preuve d’un peu plus de discrétion, mais cela n’a pas été le cas. »

Selon nos sources, le parti aurait renvoyé trois personnes la semaine dernière pour avoir tenu des propos qui n’auraient pas plu à la direction du MCG. Il semble que plusieurs membres serrent les dents face à l’apparent revirement de Mauro Poggia et au manque de réaction que ses prises de position suscitent au sein de la direction du parti.

Joëlle Misson


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