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Manger vegan, vivre vegan... Pour l'amour des animaux

Mercredi 10 Février 2016

Chaque année au mois de novembre a lieu le World Vegan Month, un mois entier pour tester la nourriture végétale, et qui sait, peut-être sauter le pas et devenir végan pour de bon. L’association PEA (Pour l’Egalité Animale), a organisé l’évènement en Suisse romande, en proposant une grande quantité d’activités… Enquête sur un phénomène qui prend de l'ampleur chez nous...


On les appelle végétaliens ou végans, cette communauté étrange qui se prive de produits animaux, pour le bien-être de ces derniers. Ils sont souvent considérés comme des idéologues. Parfois même, on peut avoir pitié d’eux, qui associent leur régime alimentaire à la privation, à l’image des régimes traditionnels pour maigrir. Mais arrêtons ces préjugés ! L’association PEA a lancé un défi : celui de participer au World Vegan Month, durant tout le mois novembre, pour se faire sa propre idée du quotidien d’un végan.
Pas si contraignant
Le régime d’alimentation végétale n’est pas si contraignant que ça. Bien qu’une grande quantité de produits sur le marché contienne de la viande ou des œufs, il est quand même facile de trouver des alternatives tout aussi bonnes. En effet, le tofu, connu pour sa fadeur et sa consistance étrange, est loin d’être la seule possibilité pour remplacer la viande. Il faut donc garder l’esprit ouvert et aller voir les différentes possibilités dans les supermarchés ou les marchés BIO. Celles-ci ont souvent un goût proche de la viande, parfois même meilleur. « Si on ne m’avait pas dit que ces boulettes étaient végétales, j’aurais cru que c’était de la viande ! », affirme Silène, qui ne participe pas au Vegan Month. PEA fournit aussi, via Facebook, de nombreux conseils et recettes, pour faciliter la tâche aux nombreux débutants. 
En plus de protéger les animaux, les produits végétaliens sont souvent plus légers et faciles à digérer. « Le tofu contient moins de 5% de matière grasse et presque autant de protéines que la viande », explique Manuel Martinez, directeur de Swissoja. De plus, les plats végans déjà préparés étant rares, il faut choisir judicieusement ses produits et souvent se mettre aux fourneaux. Ainsi, en préparant soi-même sa nourriture, on évite une grande partie des additifs qu’on trouve dans les plats pré-cuisinés. 
Être structuré
Être végan demande d’être structuré. Comme précisé ci-dessus, les plats déjà préparés végans sont très rares et pas forcément de très bonne qualité. Il faudra donc se lancer dans la cuisine. Pas besoin d’être un cordon bleu pour faire de bonnes choses, il existe une grande quantité de recettes très faciles. Il est bien de penser à préparer des plats à emporter lorsqu’on ne mange pas chez soi, car l’improvisation n’est pas simple lorsqu’on est végan. Il faut donc être organisé, faire ses courses régulièrement et prendre le temps de cuisiner de bonnes choses. 
Mais malheureusement, même les personnes organisées ont des imprévus et le régime végane s’adapte difficilement à ceux-ci. Il est très difficile de trouver un sandwich végétal dans une boulangerie ou un take-away, de pouvoir manger végan au restaurant ou de se rassasier à toute vitesse sans produit animal sur une aire d’autoroute. Ce régime convient donc bien à un rythme de vie régulier et stable, mais plus difficilement à une vie spontanée.
Pas top côté social
Les végétaliens faisant partie d’une minorité, peu de gens penseront à eux lors d’un brunch ou un buffet canadien. Difficile aussi d’être invité chez quelqu’un pour et devoir lui demander un repas spécial sans produits d’origine animale. Quant aux restaurants, le problème a déjà été évoqué : s’il est facile de trouver des plats végétariens, les végans risquent de ne pas être satisfaits du menu. Après plusieurs déceptions, les occasions de se retrouver entre amis autour d’un repas risquent de devenir plus rares. Il est donc plus facile de partager ce type de repas avec d’autres végétaliens. 
Pour finir, ceux qui pensaient faire des économies en arrêtant la viande, se trompent. En effet, les alternatives à la viande ne coutent pas moins cher. Un repas équilibré végan entrera dans les mêmes prix qu’un repas avec de la viande. Et l’équilibre étant nécessaire pour éviter les carences, n’essayez pas de faire des économies sur les protéines. 

 

Le veganisme en Suisse 

La Société végane suisse, qui regroupe les végans des quatre régions de la Suisse, a été fondée en 2011. Même s'il y avait déjà des végans en Suisse avant 2011, la fondation de cette société marque le début du boom végan. Depuis, de nombreux sites se sont créés dans les différentes régions, recensant notamment les magasins ou restaurants où l'on trouve des produits végétaux ou donnant des conseils sur la meilleure manière de vivre facilement son véganisme. 
 Plusieurs associations véganes ont vu le jour pour se battre contre la maltraitance animale en Suisse. "Il ne faut pas croire que la maltraitance animale n'a lieu qu'ailleurs. En Suisse aussi, les conditions d'élevage pour la viande sont parfois terribles", explique Roxane, une végane qui a étudié la question. Parmi ces associations, PEA (Pour l'Egalité Animale) est très active en Suisse romande. 
Selon le site internet de la Société végane suisse, vegan.ch, environ 1% de la population suisse serait actuellement végane. Ce nombre qui est en réalité invérifiable, faut de référencement, aurait visiblement une tendance à la hausse, comme le mouvement végan en général. En suisse, de plus en plus de restaurants proposent des plats végans afin de satisfaire cette hausse clientèle. 
 

Aux origines du veganisme Les origines du veganisme

Le mot « vegan »  a été inventé par l’anglais Donald Watson, professeur de menuiserie, en 1940, en utilisant le début et la fin du mot « vegetarian ». Il a ensuite fondé la Vegan Society, association caritative qui représente les personnes ne consommant aucun produit animal. Le mot d’ordre de l’association est : « Le véganisme est la doctrine selon laquelle les humains doivent vivre sans exploiter les animaux ». 
Au départ, être vegan concernait uniquement l’alimentation. Mais en 1970, Donald Watson déclare que les animaux ne doivent pas être exploitées et traités avec cruauté ni pour la nourriture, ni pour l’habillement ni enfin pour des recherches médicales et la fabrication de cosmétiques. 
Ainsi, le vegan va plus loin que le végétarien qui ne consomme pas de viande et le végétalien qui ne consomme plus d’alimentation animale. Lui, il ne consomme ni viande, ni produits animaux, ni produits testés sur les animaux et ni vêtements en fourrure, cuir, mouton ou duvet.  
 

Les deux aspects du véganisme

Le véganisme comporte deux aspects : un premier dit philosophique et écologique, et un second scientifique et diététique. Le premier se consacre au désastre que l’être humain a fait sur la nature et les animaux pour sa consommation de viande. « Si je suis devenue végan, c’est premièrement parce que j’ai été choquée par le traitement des animaux dans l’industrie de masse. J’ai commencé par être végétarienne, puis après avoir vu le film Cowspiracy, je suis devenue végane du jour au lendemain. En plus de cela, la consommation excessive de viande est très mauvaise pour l’écologie : les écosystèmes marins sont détruits par la pêche de masse et l’élevage d’animaux demande énormément de ressources, comme le blé, le soja et l’eau », explique Roxane, végane depuis plusieurs mois. « Le côté philosophique est une réflexion que nous devrions tous avoir, y compris les gouvernements. L’industrie de la viande commet des horreurs et les gens préfèrent fermer les yeux », ajoute Sandra Néri, naturopathe et nutritionniste ayant travaillé sur l’alimentation végane.
Mais la naturopathe et nutritionniste est toutefois convaincue que l’être humain est un omnivore et n’est pas fait pour manger des choses uniquement végétales. « Le grand risque des végétaliens est la carence en protéine. Nous avons besoin d’une certaine quantité de protéines par jour. Notre corps est composé de douze acides aminés essentiels que nous trouvons dans les produits animaux. Dans les produits végétaux, seul le tofu contient ces douze acides aminés, mais il est possible de combiner des céréales et légumineuses pour trouver ce même équilibre », continue-t-elle. Pour être végétalien et éviter toute carence, il faut donc être très rigoureux. 
Mais l’alimentation végétalienne comporte aussi ses avantages. La viande animale comporte un acide nommé arachidonique qui est pro-inflammatoire. La consommation de viande peut donc créer des migraines et des douleurs articulaires. La viande ayant aussi un PH très acide, ceux qui n’en mangent pas auront moins de peine à équilibrer leur PH, ce qui leur évitera des maladies qui se développent en milieu acide. La découpe des protéines animales est très complexe pour l’estomac. L’estomac des personnes ne consommant pas de viande est donc plus reposé et les végans se sentent souvent mieux.
Pour finir, Sandra Neri conseille de ne pas passer d’un extrême à l’autre mais de trouver un juste milieu. « Le traitement infligé aux animaux d’élevage réduit la quantité et la qualité de protéines et crée des maladies. Il est donc préférable de consommer de la viande d’un élevage équitable. En parallèle, il faudrait aussi qu’ils apprennent à équilibrer leurs repas afin de diminuer la consommation de viande. » Elle ajoute qu’il est dommage de se passer des œufs qui sont des protéines hautement assimilables par l’organisme. Quant aux produits laitiers, ils ne sont pas essentiels car le calcium se trouve facilement dans les végétaux, ceci d’autant plus que le lactose est difficile à digérer. 
 

Anouk Willemin


L’Ecole de Iournalisme et de Communication de Genève

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