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Luca Bertogliati Colucci, "la magie devant la caméra"

Mardi 17 Novembre 2020

PORTRAIT | Luca Bertogliati Colucci est un jeune comédien romand en devenir qui vient de faire ses armes dans la prestigieuse école « Acting Studio » de Lyon. Entre sport, investissement social et comédie, son parcours singulier met en lumière un personnage engagé et à l’avenir prometteur...


Alors que la crise sanitaire gronde à nouveau et que le monde artistique se referme en Romandie, le comédien romand Luca Bertogliati Colucci s’accroche et profite de chaque moment pour exprimer son art. « C’est une période difficile, mais il faut garder espoir et se battre », exprimait-il après avoir joué la première de son nouveau spectacle, fin octobre. En effet, l’audacieux comédien, d’origine italienne, vient de lancer sa nouvelle pièce, Alter Ego, mettant en scène un jeune homme désabusé et dépressif qui doit présenter la Terre à une forme de vie supérieure. Une situation plutôt cocasse dans la période de déprime qu’impose le calendrier de l’épidémie de coronavirus.
Mais Luca est un optimiste et surtout c’est un hyperactif du travail. « Il ne faut pas se mettre de barrière dans l’art, il n’y en a pas dans un processus créatif », explique-t-il. Il faut dire qu’il n’en est pas à son coup d’essai, le CV de ce jeune acteur de 27 ans est déjà prometteur : deux spectacles seul sur scène, plusieurs rôles dans des pièces de Molière ou de Laurent Crozet, ainsi que plusieurs court-métrages du réalisateur suisse Thierry Schwob, ou encore pour l’émission 120 minutes. Le comédien romand vient d’ailleurs de se hisser à la première place des examens de l’école lyonnaise « Acting Studio », réputée pour avoir vu naître la série française Kaamelott.
« J’aime vraiment aider les autres et jouer un
rôle dans l’intégration de personnes diverses »
Si le parcours artistique de Luca Bertogliati Colucci est séduisant, il n’était pourtant pas couru d’avance. « Avant je n’allais jamais au bout de mes formations. J’en faisais toujours le minimum et je me suis beaucoup éparpillé. Je ne trouvais pas ma place dans la société et le métier de comédien m’en offre une. », dévoile le jeune acteur qui a grandi à La Tour-de-Peilz. Passé par une maturité, puis une école sociale en 2014, il explique ne pas se reconnaître dans les institutions et se sentir « emmerdé par la normalité ». L’une de ses anciennes formatrices dans le social reconnaît d’ailleurs en lui un collègue compétent, très investi mais qui démontrait un certain malaise dans le milieu professionnel. « Luca semblait avoir du mal à lâcher prise et il se remettait facilement en doute. Par contre, il avait toujours d’excellentes idées d’activités, une grande sensibilité et il a rapidement démontré un vrai talent d’acteur », révèle son ancienne collègue.
« Le social n’est pas une erreur de parcours non plus. J’aime vraiment aider les autres et jouer un rôle dans l’intégration de personnes diverses », répond Luca. Et pour cause, le jeune comédien a enchaîné les activités et a participé à de nombreux projets d’intégration sociale. De l’ouverture d’un bar associatif, dans l’optique de rassembler les gens et de mêler divers horizons, à la création d’une petite marque de vêtements ou la création d’une association de permaculture, Luca est fédérateur et il touche à tout. « Ce que j’aime, c’est mettre les gens en relation dans des démarches productives et avec bon sens. Et s’il y a des désaccords, tant mieux, c’est l’occasion de confronter les idées. J’ai horreur des clivages, il faut apprendre à se comprendre », ajoute-t-il.
« Il a un truc que n’ont pas les autres »
Mais si Luca Bertogliati Colucci en est arrivé là, c’est selon lui grâce à deux choses : l’armée et le sport. « Avant j’étais vraiment turbulent. Je manquais de cadre et de discipline et c’est à l’armée que j’ai découvert ces valeurs. Cette rigueur, pourtant un peu absurde qu’impose l’armée et qui m’a vraiment fait souffrir, m’a beaucoup aidé à me structurer et à ouvrir les yeux sur le sport. », raconte le jeune homme. C’est donc dans la continuité de sa conscription au sein des troupes d’infanteries que Luca se met aux sports à un rythme effréné. L’ancien fantassin, toujours en quête de discipline, se lance en 2013 dans de nombreux sports de combats. « Je me rappelle qu’il était un très bon élève, concentré et assidu. Il a un truc que n’ont pas les autres. Une forme de charisme ou de talent. Luca c’est vraiment une âme d’artiste, comme il y en a besoin pour les sports de combats », se rappelle l’un de ses entraîneurs, le célèbre boxeur suisse à la renommée internationale, Yoann Kongolo.
Toujours avec la même aisance et polyvalence, il passe du Kick boxing, à la boxe anglaise et à des sports de combats antiques, puis il finit par se lancer dans du coaching sportif en autodidacte. « Ces sports m’ont vraiment aidé à canaliser mon énergie et à développer mes capacités. Cela m’a permis de me sentir mieux dans mon corps et c’est important pour un comédien car le corps c’est son outil de travail », précise-t-il.
« Acting Studio » - Lyon,
un vrai gage de crédibilité
Fédérateur, sportif et autodidacte, Luca Bertogliati Colucci saute finalement le pas en septembre 2019 et se lance dans la comédie à plein temps. Accepté à l’école «Acting Studio» de Lyon, le comédien, jusque là peu intéressé par un cursus académique, s’éprend pour le programme de formation offert dans ce prestigieux établissement lyonnais. « «Acting Studio» est une école très exigeante et qui colle parfaitement à mes valeurs. Y être accepté m’a vraiment prouvé que c’était possible de devenir comédien ». Depuis, le jeune acteur romand enchaîne les projets et participe à de nombreux tournages. « Luca avait vraiment beaucoup de talent en autodidacte. Il incarne la magie devant la caméra. C’est génial qu’il fasse le pas du cursus lyonnais car c’est un vrai gage de crédibilité pour un comédien suisse », se réjouit le réalisateur Thierry Schwob. Mais toujours dans son style unificateur et solidaire, le jeune acteur est persuadé que son art est un investissement quasiment politique et une responsabilité.
« Un comédien a un devoir moral et sa parole doit être libre et porter du sens. Celui qui a le pouvoir de s’exprimer doit se mettre au service de ceux qui ont besoin de se faire entendre. Sinon c’est de l’égoïsme et ça perd de sa saveur », affirme ardemment le jeune romand. Des propos qui font réagir Thierry Schwob : « C’est un acteur frontal, très humain et très vrai. Mais il devra faire attention à laisser son aspect politique de côté car cela peut le desservir ». Un personnage exalté mais sérieux, passionné mais pragmatique et bien déterminé à poursuivre sa passion, Luca semble avoir trouvé sa voie. « Je fais du théâtre depuis que je suis gamin. Cette passion m’a toujours permis de faire parler mon agitation positivement et j’ai toujours su que j’en ferai ma vie», conclut-il.
Découvrez Luca Bertogliati Colucci dans "Oiseau de malheur".

Joachim Tapia-Almosnino


L’Ecole de Iournalisme et de Communication de Genève

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