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«Le sport et la douleur font partie intégrante de ma vie»

Mardi 4 Juin 2024

Etoile montante du ski alpinisme suisse, Malik Uldry a vécu une ascension fulgurante cet hiver. A 17 ans, le Veveysan a terminé 2e du classement général de la coupe du monde junior. Le résultat d'un travail minutieux et acharné, et fruit de nombreux sacrifices. Interview.


Malik Uldry, en compétition (Crédit: ISMF)
Malik Uldry, en compétition (Crédit: ISMF)
Pourquoi le ski-alpinisme?

J’aimais déjà bien ce sport, avant de faire partie du centre régional. J’avais déjà fait une ou
deux courses dans la région,  quelques verticales parce que je trouvais ça rigolo. Et le fait de
pouvoir faire partie d’un centre, ça motive. Plus j’en ai fait, plus j’ai aimé la
peau de phoque. Maintenant, j’aimerai en faire encore plus d’heures que l’année passée. Et
chaque année c’est comme ça.

A quel moment ressentez-vous la douleur?

Je vais ressentir la douleur va être au niveau du mental, plus que dans mes muscles. Après,
forcément, ça dépend de l’effort que je fournis. La limite de la douleur va se trouver dans les courses plutôt
longues. Dans ces moments, je suis juste un peu en dessous de cette douleur-là. Par contre, tu
ressens de la douleur vive, quand tu fais des courses de moins d’une heure. L’épreuve du sprint est un peu différente parce que tu as le jeu d’être avec les autres, de faire tes manips, etc. Du coup, tu sens moins la douleur que si tu n'avais que l’effort.

Comment est-ce que vous arrivez à relativiser cette douleur, et ne pas tout laisser
tomber lors d’un entraînement?


C'’est une douleur qu’il faut tout de même relativiser. Je ne subis pas de la torture et
je ne vais pas mourir à l’entraînement. En tant qu’athlète, on a une résistance plus élevée à
la douleur et on arrive à dissocier la tête et les jambes. Donc l’aspect mental est capital. Après, il y a toujours autre chose, comme regarder où tu mets tes pieds si tu es en trail, se concentrer pour bien courir. Je me mets aussi des objectifs intermédiaires de temps, comme dans deux répétitions, il ne reste plus que la moitié. 

Comment percevez-vous l'obligation d’avoir mal pour performer? 

Je ne me pose même pas cette question de savoir si ça en vaut vraiment la peine. Pour moi,  c’est naturel de sortir dehors et aller s’entraîner dur. Je l’ai toujours fait. J’aime bien cet effort, même si des fois cette douleur n’est pas agréable. Cette satisfaction d’être passé par quelque chose de difficile et d’avoir réussi à le faire est important.


Avez-vous déjà stoppé un effort en raison de sa violence?

 À l'entraînement, même si certaines séries sont vraiment dures, je n'en ai pas le souvenir. En principe, je vais toujours au bout. Après, il m’arrive de ralentir pour pouvoir tenir. En course, par contre il m’est déjà arrivé de vomir, ce qui m’a stoppé. 

Jusqu'où pouvez-vous aller dans la douleur pour performer?

Ça dépend des jours. L’élément qui va me stopper, c’est les vomissements. Par exemple, en verticale, dans les 30 dernières secondes, quand je sens que je ne tiens plus, je fais en sorte de ralentir pour pouvoir finir.

Est-ce un sacrifice pour vous?

Non, ce n’est pas un sacrifice. C’est même l’inverse. Le sport et la douleur qui l’accompagne font partie intégrante de ma vie.  Si demain on me disait, les courses n'existaient plus, je serai un peu perdu. 

CORENTIN PFISTER


L’Ecole de Iournalisme et de Communication de Genève



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