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La Soupe Populaire, un lieu d’humanité

Samedi 18 Février 2017

Située à la Rue St-Martin à Lausanne, ouverte 365 jours par année, la Soupe Populaire offre chaque soir un repas chaud aux personnes démunies. Les personnes en situation de grande précarité y sont les bienvenues pour y trouver écoute et repos.

Reportage dans ce lieu atypique au sein d’une équipe de

bénévoles.


Il est 18h15 lorsque nous arrivons devant la porte d’entrée. Un livreur de pain traverse la cour et entre dans le bâtiment. Au passage il lance « Vous devriez entrer avec ce froid ! ». Poussés par son conseil et par le vent glacé, nous le suivons à l’intérieur. A l’entrée, un homme d’une trentaine d’années aux yeux clairs et au sourire bienveillant accueille les différents bénévoles. Il s’appelle Yanis et travaille bénévolement comme assistant social à la Soupe populaire. 

« De tous les âges, de toutes les origines, de toutes les cultures »

Quelques minutes plus part, les derniers bénévoles ainsi que la responsable de la soirée arrivent. Mélanie commence aussitôt à coacher le petit groupe pour la soirée, avec entrain et dynamisme. Elle explique le fonctionnement général de la Soupe populaire en deux ou trois mots : « Chaque soir, environ trois cents personnes viennent pour manger ici. Il y a de tous les âges, toutes les origines, et toutes les cultures. Vous verrez, c’est un endroit magique », confie-t- elle. D’un pas rapide, elle guide l’équipe au fond de la salle pour montrer comment fonctionne la distribution de nourriture. Elle répartit ensuite les nouveaux bénévoles entre les différents postes et chacun termine rapidement les dernières préparations.

A 19 heures pile, Mélanie ouvre la porte et une dizaine de bénéficiaires entrent se mettre au chaud. Les premiers vont directement faire la queue au stand de nourriture à emporter. Du pain, des fruits, des légumes, et des plats déjà préparés y sont distribués gratuitement. Toute la nourriture provient des invendus de divers magasins d’alimentation, exceptés les fruits et légumes qui sont achetés frais. La salle se remplit petit à petit et quelques personnes commencent à se présenter devant le bar.

Des dizaines de visages qui défilent

Là, et durant deux heures et demie, ce sont des dizaines de visages qui défilent les uns après les autres. Des jeunes, des moins jeunes, et même des très âgés. De toutes les couleurs et de tous les faciès. Des gens aux traits profondément marqués, d’autres à l’expression plus lisse. Des regards tristes ou absents. Des sourires sincères. Parfois les deux en même temps. La plupart d’entre eux viennent ici régulièrement, et ont leurs habitudes. Certains sont pressés, d’autres ont envie de discuter. Certains parlent à peine deux mots de français, d’autres s’expriment excellemment bien. Certains sont très polis, d’autres moins. Durant toute la soirée, du thé, du café, des jus de fruits, du coca et du fanta leur sont offerts. L’alcool est proscrit.

Au fur et à mesure de la soirée, quelques personnes retiennent l’attention. Il y a d’abord ce vieil homme à la démarche bancale et au visage creusé par de larges sillons. A deux reprise, il vitupère sur la qualité du lait versé dans son café. « Vous savez, avec tous les pesticides qui se retrouvent dedans, on ne devrait même plus en boire ». Il y a aussi cet homme qui parle du temps où il était chocolatier, ainsi que des standards de fabrication du chocolat à cette époque.

Plus tard dans la soirée, un homme au visage rougi manifeste une gentillesse touchante et une politesse presque délicate. Il y a aussi ce jeune, qui ne doit pas dépasser la vingtaine, au visage totalement inexpressif et qui semble évoluer dans une réalité lointaine. Cette vieille dame au visage renfrogné qui se plaint de tout et râle contre tout le monde. Puis cet homme au visage vaseux qui vient demander du café à quatre reprises. Et cette jeune femme au sourire lumineux et aux yeux brillants, une flute de pan accroché sur le dos.

Fermeture et rangements

Vers 21 heures, Mélanie annonce d’une voix forte que l’espace va bientôt fermer. Les bénéficiaires restants doivent donc gentiment se préparer à partir. Une dame relativement âgée demande un dernier café. « Si le gouvernement se souciait un peu des oubliés en Suisse, les choses pourraient changer », lâche-t- elle en s’éloignant du bar à petits pas.

Une fois la salle vide, c’est l’heure du rangement. Chacun s’affaire afin d’être le plus efficace possible. Une fois les nettoyages terminés, toute l’équipe de bénévoles se rassemble pour un court débriefing. Tous assis autour d’une table, chacun est reconnaissant de pouvoir enfin s’asseoir. « Bravo à tous, vous avez fait un super boulot ! », s’exclame Mélanie. Elle congédie chaleureusement toute l’équipe et chacun est libre de s’en aller.

Sophie Cusin


L’Ecole de Iournalisme et de Communication de Genève

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