gazette-geneve

Jean Ziegler, l'éternel optimiste

Lundi 29 Mai 2017

Mardi 16 mai, l'ancien professeur de sociologie donnait une conférence, à la bibliothèque de la Cité, pour présenter son nouvel ouvrage "Chemins d'espérances" et revenir sur ses années de lutte pour un monde meilleur.


Jean Ziegler, l'éternel optimiste

Jean Ziegler est un homme imposant. Capable de susciter un silence de cathédrale lors de son entrée dans un salle pleine à craquer. Tel est le cas, mardi 16 mai, lors de la conférence qu'il donne à la bibliothèque de la Cité, pour présenter son nouveau livre. Usé par des années de combat, son œil pétille encore de mille feux. Le vieil homme semble infatigable. Son optimisme est contagieux.

 

Après que l'un des animateurs de la conférence ait dressé un portrait du sociologue qui retraçait certains épisodes de sa vie comme le moment où il était le chauffeur du Ché Guevara ou son combat contre la famine sur la Bande de Gaza tenue par les Israéliens, la conférence peut commencer. Une lecture rapide d'un extrait de son ouvrage Du bonheur d'être Suisse et Jean Ziegler prend le micro. La voix est claire, le discours limpide. Il raconte son enfance « banale donc magnifique » et son départ de chez lui à l'âge de quinze ans qui le brouille pendant de nombreuses années avec son père. Il revient sur son « adoption » par les étudiants communistes à Paris et la manière dont il doit à Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre son développement intellectuel. Jean Ziegler raconte également un épisode de sa rencontre avec le Ché et la manière dont celui-ci l'a influencé. « Le Ché m'a sauvé la vie, si j'étais parti à Cuba avec lui je serais probablement mort. Il m'a dit de combattre en Suisse, où je suis né, et de détruire le monstre capitaliste de l'intérieur par de l'intégration subversive ».

 

Arrive le moment de parler de son livre. Très vif, le sociologue enchaîne les phrases, décrit les monstruosité de notre société de consommation et tire à boulets rouge sur ce qu'il appelle la violence structurelle. C'est-à-dire la maximisation du profit à tout prix quelles qu'en soient les conséquences . « L'oligarchie capitaliste globalisée a un pouvoir qu'aucun roi ni aucun empereur n'a jamais eu. Elle échappe à tout contrôle. Elle alimente un ordre cannibale du monde ». Le discours est dur et sans concession. Tout le monde en prend pour son grade, les élites suisses, Emmanuel Macron, président français, l'ancien patron de Nestlé Peter Brabeck-Letmathe, ou encore Jean-Claude Junker président de la Commission européenne. A l'entendre parler de famine, de guerres, de réfugiés, il semble qu'il n'y a plus aucun espoir de changer ce monde. Sa voix se brise sur les atrocités qu'il décrit. Pourtant, son œil de résistant brille encore. D'après lui, rien n'est perdu.  Partout dans le monde se créent des formes de résistances au pouvoir oligarchique. Il faut croire à un monde meilleur. « Il faut opposer au pessimisme de la raison l'optimisme de la volonté ».

 

« Ce monde n'est pas perdu, il faut briser l'aliénation des peuples pour montrer le monde tel qu'il est vraiment. Il n'y a pas d'impuissance en démocratie », déclare-t-il. Lui qui a tant donné, tant vu, tant dénoncé, ne renonce pas. D'après lui, « lorsque surviendra l'insurrection des conscience en Suisse, elle aura, avec la Constitution, toutes les armes pour changer ce pays et le monde ». Ces changements qu'il attend avec impatience depuis presque 50 ans, il ne les verra certainement pas. Pourtant, à 83 ans il garde espoir en l'humanité, pour les futures générations. Il est et restera à jamais un éternel optimiste.  

image.png image.png  (7.82 Ko)

Miguel Hernandez


L’Ecole de Iournalisme et de Communication de Genève

Populaire


Vidéos
Actualité
24/01/2018
Etudiants
1 sur 8

Inscription à la newsletter

Partager ce site

Flux RSS


CONTACT

Ecole de journalisme - Genève


www.ecole-journalisme.ch