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Harcèlement : Genève joue les timides

Mercredi 20 Mai 2015

Alors qu'à Lausanne une conseillère communale dépose une motion contre le harcèlement de rue, nos 2 journalistes ont testé les "mecs" de Genève. Et c'est plutôt... gentillet!


«C'est le paradis ici !» affirme en rigolant Anna, 27 ans. «Comparé à l'Italie, c'est plutôt tranquille à Genève». Alors qu'une étude parisienne dénonce un harcèlement quotidien des femmes dans les transports publics, les Genevoises sont plutôt satisfaites du comportement masculin dans leur ville. A défaut d'importunités quotidiennes, elles les subissent en moyenne chaque semaine. «Ça m'est encore arrivé hier, raconte Christelle 28 ans. On m'a crié : t'es bonne mademoiselle !». Mais bien que ce ne soit que des paroles, loin de flatter, elles dérangent quand même.
Ils sont gentils ici...
Comment expliquer ces harcèlements ? Les hommes cherchent-ils à nuire à leurs victimes ? Selon Philip Jaffé, psychologue et professeur à l'université de Genève, ces nuisances sont un moyen de séduction. « Pour certaines personnes plus désinhibées et/ou peu à l'aise socialement, c'est peut-être la seule méthode inadéquate pour "exister", avant même d'être un mode maladroit de drague».
Contrairement à d'autres pays comme la France, le Portugal ou l'Italie, les femmes expliquent toutefois qu'ici leurs harceleurs restent timides. «Ils sont gentils ici, il suffit de les ignorer» affirme Frédérique, 38 ans, qui a passé plusieurs années à Paris.
Le psychologue explique que Genève est une zone culturelle moins expressive, moins vivante et moins démonstrative car «calvinisme oblige, les Genevois ont cultivé depuis longtemps des attitudes fondées sur la discrétion et le respect de la sphère privée de l'autre, ainsi que la conformité au contrôle social.»
Un profil-type de harceleur?
Sifflets, coups de klaxons, petits signes... Les hommes ne manquent pas d'imagination mais restent à distance. Certains osent néanmoins accoster les femmes. «Ce sont les jeunes qui ont le plus tendance à venir nous parler» s'aperçoit Cynthia, 40 ans. Ici encore, Philip Jaffé a son idée sur la question : «Si la différence est réelle, mon petit doigt suggère que les plus âgés sont plus sensibles au regard social désapprobateur et se tiennent plus à distance».
En général, ce sont à peu près les mêmes phrases qui reviennent : «je voulais juste vous dire que vous êtes très jolie», «vous êtes très belle aujourd'hui».
Alors les hommes, tous les mêmes ? Non, car il n'existe pas de profil-type de harceleur. Même si les Genevoises s'aperçoivent que, la plupart du temps, ce sont près des chantiers qu'elles se font siffler. Dans la rue en revanche, ce sont principalement des hommes qu'elles décrivent d'origines maghrébine, portugaise ou encore sud-américaine qui sont pointés du doigt, principalement lorsqu'ils se trouvent en groupe.
 

Anouk Willemin & Lisa Callens


L’Ecole de Iournalisme et de Communication de Genève

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